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La Revue des Praticiens en Hypnose et Sexologie, dirigée par Joëlle Mignot

Identité féminine et sexualité : mythe et réalité ?



Par Mona Fandi, Psychologue clinicienne


Introduction

Indéniablement mise au rang de controverse universelle, la sexualité féminine est au centre des débats. Elle semble faire l’objet de luttes idéologiques étonnantes, qui durent depuis l’Antiquité.
 
Telle la « scientia sexualis » de Michel Foucault, l’analyse discursive des polémiques sur la sexualité féminine nous fait admettre une possible vérité du sexe. Dans ce sens, nous nous risquerons à rendre compte de certains débats, actuels ou historiques. Nous interrogerons l’origine de la controverse à ce sujet, ainsi que ses spécificités.

Sexualité et censure

Débutons nos propos par une définition d’approche biopsychologique de la sexualité. Ce terme englobe l’ensemble des phénomènes que l’on peut considérer comme sexuels ou liés au sexe (2011, p. 853). Catégoriquement, la sexualité s’évertue à investir des comportements de recherche de plaisir sexuel, en incluant des contenus culturels et symboliques. Cette définition concerne principalement l’homme dans la sphère des êtres vivants (1991, p. 662). L’approche psychanalytique, quant à elle, nous apporte une vision globale, dans le sens où elle considère l’ensemble des diverses modalités liées à la « satisfaction sexuelle ». Centrée sur la sexualité humaine, elle se caractérise principalement par la mise en jeu des pulsions. Ce courant sous-entend que cette sexualité inclut ou non une activité génitale, et ceci en prenant en considération l’existence d’une sexualité infantile. En effet, les zones érogènes associées à cette sexualité infantile, ainsi que la décharge pulsionnelle et libidinale qu’elle génère, permettent – ou non – une satisfaction sexuelle, qu’elle soit auto ou hétérosexuelle. Historiquement, Freud est un des pionniers à s’intéresser au sujet. Sous une approche analytique, notamment par le biais de ses théories sur la sexualité infantile et perverse, mais aussi par ses travaux sur l’hystérie. Vers le début du XXe siècle, il réalise l’importance que peut jouer la sexualité dans les conflits intrapsychiques des individus. Pour lui, elle est un des piliers centraux de la genèse symptomatique. Il considère la sexualité humaine comme une conception élargie, dans laquelle il nous faut inclure la sexualité infantile et perverse. Selon le Dictionnaire international de la psychanalyse (2002, p. 1572), Freud considère que la sexualité « normale » atteint son terme lorsque le primat de la zone génitale et la relation d’objet arrivent à maturité. De fait, cette maturation arriverait après la période de latence et serait consécutive à la période pubertaire. Si ce mûrissement ne se fait pas, ou pas suffisamment, nous pouvons alors observer « des comportements déviants, anormaux et pathologiques » (1962, p. 17). Quelques-uns des manuels actuels de classification de psychiatrie, tels que le DSM, répertorient encore certains de ces comportements en troubles sexuels. De prime abord, l’histoire a tendance à nous rapporter que la satisfaction du désir sexuel s’exerce principalement dans un contexte d’interdit, d’alliance ou de nécessité reproductrice. Cette « censure » serait indispensable pour canaliser l’énergie sexuelle, celle qui échappe au contrôle humain, pour certains auteurs et psychologues. Ce n’est pas un fait récent, de tout temps les interdits sont aux fondements des sociétés humaines et des religions. Peut-on alors considérer l’accès à la sexualité d’un sujet sans prendre en considération les normes, les mœurs ainsi que les pressions sociales ou culturelles qui lui sont imposées ?


Joëlle Mignot
Joëlle Mignot est psychologue clinicienne spécialisée en sexologie clinique et en hypnose... En savoir plus sur cet auteur


Rédigé le Lundi 17 Décembre 2018 à 16:58 | Lu 651 fois modifié le Lundi 17 Décembre 2018

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